La légende de la truite Antoinette

La truite antoinette
Antoinette

Un ouvrage de 1842 rapporte ainsi la légende :

L’histoire suivante narrée par plus d’un écrivain sérieux, a cours dans la ville de Conty.

Il y avait autrefois dans les eaux de la fontaine, plusieurs belles truites, parmi lesquelles une seule, de taille gigantesque, longue, dit-on, de vingt-sept pouces depuis la tête jusqu’à la queue, s’appelait Antoinette, du nom du Saint Patron. Les bons habitants de Conty en raffolaient, il suffisait qu’ils claquassent des mains pour que la truite amie et familière vint se montrer à la surface de l’eau où elle faisait liesse avec le pain qu’on lui jetait.

Hélas ! Voilà que par un jour maudit, des mécréants sans respect aucun pour Antoinette, des soldats enfin, virent la truite, admirèrent ses proportions et, la trouvant assez saumonée, conspirèrent sa perte en jurant de … la manger.

Bref, ils la tuèrent d’un coup de fusil !

Aussitôt clameurs de se faire entendre, désolation dans le pays, pleurs des habitants, cris, indignations, regrets inutiles, la truite bien-aimée n’est plus !!!

On assure que les bourgeois s’abordaient tristement dans les rues de Conty, la larme à l’œil, en se disant les uns aux autres la fatale nouvelle… Antoinette n’est plus, elle vient d’être fusillée, pleurons !…

Et pendant ce temps, les assassins, sans nul remords, la faisaient cuire, et disaient : …..mangeons !

Mais le ciel en courroux ne voulu pas qu’ils profitassent de leur crime et admirez ! à peine eurent-ils mis la truite fusillée dans la poêle qu’aussitôt, par un saut de carpe bien combiné, Antoinette s’envola par la cheminée sans que jamais on en ait pu retrouver trace.

Toujours est-il que les soldats furent chassés de Conty, et que la communauté des habitants émit le vœu de conserver au moins la figure d’Antoinette. Ce veux fut accueilli avec enthousiasme : on applaudit, on envoya chercher un sculpteur renommé, lequel pour conserver à la postérité la mémoire de la truite colossale, la représentant en bon et beau relief sur le mur extérieur de la trésorerie de l’église, près le grand portail, où on la voyait encore au debut du 19ème siècle, avant la démolition de ladite trésorerie. »

Tout cela, selon la chronique, s’est passé au 18ème siècle.

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