Histoire et patrimoine

Micheline

Ancienne voie ferrée Amiens-Beauvais, ce chemin de randonnée est partagé par les amateurs de nature. Il traverse les communes de la Somme situées en fond de vallée de la rivière Selle. Il se pratique à pied, VTT ou cheval, permet la découverte de sites naturels remarquables et d’un patrimoine exceptionnel (châteaux, moulins, gares …). C’est aujourd’hui la propriété du département jusqu’aux limites de celui-ci.

Un peu d’histoire… En 1872, l’Etat et la Compagnie du Nord signent une convention pour la réalisation d’une ligne reliant Amiens à Beauvais. En 1873, c’est une petite révolution avec cette ligne qui permet aux habitants de la vallée de la Selle de se rendre à la capitale picarde. Le dimanche, ce sont les amienois qui viennent apprécier la nature et le charme des petits villages ruraux samariens (Bacouel sur Selle, Plachy-Buyon, Prouzel, Nampty, Fossemanant, Neuville les Loeuilly, Loeuilly, Tilloy les Conty, Conty, Monsures). En 1932, devant la concurrence des autocars, la Compagnie lance une petite révolution: la ligne voit apparaître un autorail rouge sur pneus, la célèbre Micheline (sur pneus Michelin). Après le second conflit mondial, le trafic se fait moindre – 1949 voit la disparition de la Micheline et 1953 la fermeture de la ligne aux usagers. Seul le trafic marchandises se poursuivra encore quelques années. Toutes les gares de la vallée, sensiblement de même facture, sont aujourd’hui des propriétés privées.

Loeuilly - La gare
Luzières les Conty - La chapelle du château

Ce hameau, depuis toujours rattaché à Conty, est situé sur la rivière Selle. Nous ne connaissons pas véritablement le sens de cette appellation «Luzières». Luzet, signifie en vieux français cercueil – luzier, un homme qui fabrique des cercueils. Au 19ème siècle, des sarcophages mérovingiens en craie blanche ont été dégagés au pied du vallon. Nous savons que jadis, une communauté de francs et de gallo-romains y séjournait, laissant une empreinte particulière liée à une famille experte dans l’art de tailler la pierre de craie.

Le château actuel construit en 1793, sous la révolution française, avec sa chapelle et ses dépendances offre un ensemble harmonieux dans ce paysage de verdure. La Coulée Verte, située tout près, permet au promeneur la découverte de ce site remarquable qui marie l’eau, la pierre, la brique et la végétation donnant un cachet particulier au hameau.

Ancien Moulin de Luzières
Luzières - Le moulin
Conty - Vue Panoramique

Dans de nombreux documents, Conty apparaît tantôt écrit avec un « i », tantôt avec un « y ». Devons-nous écrire « Conty ou Conti ». Les notaires de famille tiennent toujours à Conty mais certains chroniqueurs anciens ont italianisé le nom de Conti. Les premiers de la lignée des Bourbon-Conty avaient gardé le « y », c’est Armand de Conti, né en 1629, qui sera le premier à se plier à cette habitude qui restera par la suite.

La terre et la ville de Conty conservent son « y » – nous y sommes attachés !

Armand de Bourbon - Prince de Conty
Maximilien de Béthune

Conty, bourg bâti sur une ancienne voie romaine, près de la rivière Selle. Son nom vient du mot latin «Contus» qui veut dire longue perche pour diriger un bateau selon Virgile, pique longue ou épieu selon Statius.

Cette pique est remarquée pour la première fois lors de la bataille de Bouvines en 1214. Les soldats des milices de Conty combattent avec cette pique qui inflige des blessures graves et sanglantes.

Conty apparaît pour la première fois dans un récit qui raconte sa destruction par Atilla en l’an 450.

C’est le berceau de seigneurs de Conty dont Oger de Conty premier seigneur connu, Maximilien de Béthune plus connu sous le nom de Sully, Louis 1er, marquis de Conty, premier prince de la lignée Bourbon-Conty et des ducs d’Havré et de Croÿ qui résidaient dans le château de Wailly. Des femmes ont joué un rôle important et hérité de la seigneurie de Conty: Agnés de Conty, Isabelle du Hamel.

Nous reviendrons dans une prochaine parution sur l’ortographe. Faut-il écrire Conty ou Conti?

Chapellerie de Conty

Pendant la Première Guerre mondiale, Conty était une base arrière de repos pour les soldats qui combattaient sur le front de la Somme (secteurs Albert, Péronne…).

Des hôpitaux de campagnes étaient installés dans le bourg sur terrain de l’actuel terrain de football et à l’hospice Saint Antoine (aujourd’hui maison de retraite). Une photographie aérienne de Conty localise ces lieux par deux croix blanches. Dans la cour de la chapellerie étaient stationnés ambulances et véhicules militaires. Les blessés, après avoir été diagnostiqués selon la gravité de leurs blessures arrivaient à Conty. Malheureusement, certains mouraient après quelques jours de soin. Un cimetière provisoire fut créé sur un versant de l’actuel cimetière communal pour accueillir les corps de ces combattants. Après la guerre, ces soldats Morts pour la France ont été transférés dans des nécropoles nationales ou rendus aux familles qui le souhaitaient.

Blessés dans un hôpital de guerre

Le 17 juin 1940, le Maréchal Pétain adressait à la Nation ces mots « En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat… ».

Le lendemain 18 juin, un homme, un général inconnu s’adressait au peuple français à la BBC. Pour lui, il n’est pas question de se résigner à un armistice et une collaboration active avec l’envahisseur. Ce discours, peu entendu, sera publié dans le Time et le Daily Express, le lendemain.

Cet appel à la résistance face à l’ennemi va amener ce Général de Gaulle sur le devant de la scène et symbolisera pour de nombreux français, qui l’on rejoint ou qui sont restés sur le sol français, un fabuleux espoir qui se concrétisera par la création de réseaux de résistance.

Ce 18 juin 40, conscient de la portée de son discours, de Gaulle posait la première pierre de sa carrière politique. Il légitimait aussi, auprès des Alliés, la position de la France dans la reconquête de son territoire.

         Au début du 20ème siècle, elle a été baptisée route de Poix, de Paris, de Fleury ou encore la Lombardie. Elle commence au parvis de l’Eglise Saint Antoine et se prolonge vers Fleury, après la Maison de Retraite.

        Guy, Marie Dunoyer de Ségonzac: Né à Fleury, en 1917, c’est un officier de carrière (Saint Cyr). Durant la 2ème Guerre mondiale, il est lieutenant FFI, chef d’un groupe de Résistance sur le secteur de Conty, spécialisé dans le sabotage et le renseignement. Il sera tué lors de la libération de Conty, le 31 août 1944, rue Basse Lombardie. Une stèle dans sa rue rappelle aux passants ce brillant combattant pour la Liberté.

« Les sanglots longs des violons de l’automne

     Blessent mon cœur d’une langueur monotone ».

     Ces vers de Paul Verlaine sont lancés sur les ondes françaises dans la soirée du 5 juin 1944.

      Ce message codé a pour effet de prévenir et mobiliser la Résistance Française du débarquement imminent. A l’aube du 6 juin, une armada de bateaux transports de troupes chargés de soldats et de matériels déferlent sur les côtes normandes. Les Américains débarqueront sur les plages d’Omaha Beach et d’Utah Beach, près de Saint-Mère-Eglise, les Anglais sur les plages Gold Beach et Sword Beach, près de Caen, les Canadiens sur la plage Juno Beach et les Français à Ouistreham.

     De nombreux sites de Mémoire rappellent cette opération Overlord: Arromanches et son port artificiel, Pégasus Bridge – un pont stratégique sur l’Orne, Sainte-Mère-Eglise et son musée aéroporté, la pointe du Hoc – des falaises dites infranchissables, Sainte-Marie-du-Mont et sa borne zéro, le cimetière américain de Colleville…

     La tête de pont établie sur le sol Français, c’est le début de la fin pour les troupes d’occupation. La libération de la France est engagée. Les Alliés mettront 11 mois pour arriver au cœur d’une Allemagne vaincue et en ruine. Le 7 mai 1945, la capitulation sans condition est signée à Reims, mettant fin de la guerre en Europe.

     La fin de la Seconde Guerre mondiale sera définitive après les premières attaques atomiques d’Hiroshima (le 6 aout 1945) et de Nagasaki (le 9 aout 1945), suivies de la capitulation du Japon signé le 2 septembre 1945.   

La source Saint Antoine

Il manquait à la fontaine St-Antoine une légende; l’histoire suivante narrée par plus d’un écrivain sérieux, a cours dans la ville de Conty.

Il y avait autrefois dans les eaux de la fontaine, plusieurs belles truites, parmi lesquelles une seule, de taille gigantesque, longue, dit-on, de vingt-sept pouces depuis la tête jusqu’à la queue, s’appelant Antoinette, du nom du patron. Les bons habitants de Conty en raffolaient, il suffisait de claquer des mains pour que la truite amie et familière vint se montrer à la surface de l’eau où elle faisait liesse avec le pain qu’on lui jetait.

Hélas! Voilà que par un jour maudit, des mécréants sans respect aucun pour Antoinette, des soldats, voyant la truite, admirèrent ses proportions et, la trouvant assez saumonée, conspirèrent sa perte en jurant de la manger. Bref, ils la tuèrent d’un coup de fusil! Aussitôt clameurs de se faire entendre, désolation dans le pays, pleurs des habitants, cris, indignation et regrets inutiles; la truite bien-aimée n’était plus!

On assure que les bourgeois s’abordaient tristement dans les rues de Conty, la larme à l’œil, en se disant les uns aux autres la fatale nouvelle. Antoinette n’est plus, elle vient d’être fusillée, pleurons!

Et pendant ce temps, les assassins, sans nul remords, la faisaient cuire et se préparaient à la manger!

Mais le ciel en courroux ne voulut pas qu’ils profitent de leur crime!

A peine avaient-ils mis la truite fusillée dans la poêle qu’aussitôt, par un saut de carpe bien combiné, Antoinette s’envola par la cheminée sans que jamais depuis on en ait pu retrouver trace. Toujours est-il que les soldats furent chassés de Conty, et que la communauté des habitants émit le vœu de conserver au moins la figure d’Antoinette.

Ce vœu fut accueilli avec enthousiasme: on envoya chercher un sculpteur renommé, lequel pour conserver à la postérité la mémoire de la truite colossale, la représenta en bon et beau relief sur le mur extérieur de la trésorerie de l’église, près le grand portail, où on la voyait encore il y a quelques années, avant la démolition récente de ladite trésorerie.

Eglise Saint Antoine

Une rue parallèle à la rue Guy de Ségonzac. Elle abritait jadis la perception (transférée à Poix de Picardie). Sur le parvis, en face de l’église subsiste un bâtiment communal, une ancienne école, certainement le plus ancien bâtiment de Conty (aujourd’hui reconverti en logements). Elle est bordée d’anciennes maisons qui donnent un cachet particulier à cette rue.

Nous pouvons supposer que cette rue tient son nom en souvenir de hordes sauvages qui ravageaient le territoire français dont les Lombards, un peuple germanique, à l’origine des invasions européennes. Rappelons-nous les Huns avec Attila pour chef en l’an 450 qui ravagent le bourg. Pas de trace sur son appellation sur les registres des Conseils municipaux.

Elle débouche sur le parvis de l’église Saint Antoine où l’on aperçoit la source qui abrita, jadis, la truite Antoinette qui dit-on sera mangée par des mécréants (selon la légende bien connue).